Nous étions à peine le soir. Et déjà étais-je en train de faire une nouvelle stupidité.
J'étais devant la porte d'un studio d'une personne que je ne connaissais même pas. Pourquoi, me diriez-vous?
J'avais décidé de me mettre à écrire cette nouvelle qui trottait dans ma tête, pour la faire publier dans un prochain journal.
Toute l'inspiration était dans mes doigts. Dans ces doigts qui tenaient ce stylo.
Je devais avoir tellement d'inspiration que ce pauvre outil s'est brisé lorsqu'il s'est posé sur ma feuille.
Après tout, je n'aurais pas dû avoir à faire tout un chemin pour finir chez quelqu'un que je ne connais pas, j'aurais dû nettoyer chez moi pour trouver un stylo caché quelque-part, n'est-ce pas?
Cependant, je crains que quelqu'un soit encore passé chez moi à l'improviste pour voler tous mes outils d'écriture. Impossible de remettre la main sur un quelconque stylo, stylo plume, même un pauvre crayon de papier.
J'ai bel et bien essayé d'aller dans les magasins, malheureusement, vers 19 heures, il n'y a strictement plus rien d'ouvert de ce genre aux alentours de chez moi.
Malédiction.
De plus, pour accentuer la chose, il semblait que le peu de voisins que je connaissais soient partis de chez eux.
La seule personne qui ai daigné m'ouvrir sa porte m'a dit, de la façon la plus aimable possible :
" Je peux rien prêter désolé! Par contre y'a une gamine dans un studio qui a plein de trucs qui pourraient vous intéresser, j'suis sûre qu'elle sera heureuse de vous aider? "
Certes. Je ne demandais qu'un pauvre stylo pour écrire ma nouvelle. Diantre.
C'est ainsi que je me suis retrouvée devant cette porte, hésitante à frapper.
Si ça se trouve, c'était abandonné, il n'y avait personne.
Si ça se trouve, c'est un violeur qui allait se jeter sur moi, on voulait juste se débarrasser de moi.
Si ça se trouve, un psychopathe est passé avant moi et j'allais découvrir une scène de crime.
Tellement de schémas qui défilaient dans ma tête et qui me faisaient frémir.
Que diable devais-je faire?
Je réussis cependant à garder mon sang-froid, ravalant ma salive.
Je toque à la porte de cet étrange studio, attendant de voir si cette porte allait s'ouvrir ou non.